196             MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
Claude Larcher, l'un des/auteurs des traistres, et politique.
Tardif, Van des ennemis de Dieu et des princes catholiques,
Ge fust Cromé, conseiller au grand conseil, qui aiant esté leur juge, aprés les avoir fait pendre, con­duit lui-mesme leurs corps bien matin à la Greve, por­tant une lanterne en sa main, de laquelle il esclairoit les porteurs.
Quand ie jour fust venu, Bussi s'en alla à la Greve accompagné des plus mutins, meschans et vauneans de la ville; et les ayant dispersés ça et en divers endroits pour mieux jouer son jeu, quand il vid le monde assemblé pour voir ce triste et nouveau spectacle, commença à crier aux traistres, aux meschans et aux politiques qui avoient vendu la ville à l'heretique, et avoient ja livré la porte de Bussi pour le faire entrer. Ce que ses com­pagnons crioient aussi au peuple partout, pour l'es-mouvoir au sang et au pillage; et disoit ledit Bussi que si on le vouloit suivre, que devant le soir ce seroit fait de tous les meschans; que Paris seroit net de trais­tres; qu'il en avoit la liste, et qu'il congnoissoit les maisons où on auroit du bien à bon marché : « Si non, « messieurs, dit-il, voiant qu'on ne s'esmouvoit point « autrement, je vous advertis qu'ils vous couperont « la gorge : car leurs chefs que voies là pendus nous « ont tous décelé l'entreprise, et que nous estions tous « morts «et perdus si nous ne les prévenions dés au-« jourd'huy. » Ausquelles paroles cette populace de Paris, au lieu de s'esmouvoir et courir aux armes, comme Bussi le pensoit, prétendant par là faire une sédition, ne dist non plus mot que si on lui eust donné
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